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La CNV, dites-vous ?
 

Scène de violence ordinaire

Afin de protéger votre sensibilité, nous avons pris soin de couper le son sur toutes les illustrations de cette page. Nous avons eu recours pour cela à une technologie datant de la fin du XIXème siècle, appelée photographie. Si vous pouviez entendre ce que ces gens se disent, peut-être seriez-vous choqué·e·s par le niveau de violence de leur conversation. Tout au moins le seriez-vous si vous veniez d'une autre planète ou d'un futur plus ou moins lointain dans lesquels la conscience des conséquences de nos actes et de nos paroles serait beaucoup plus élevée. Au XXIème siècle sur la planète Terre, même dans les moments de partage et de tendresse les plus profonds, la violence fait irruption de manière tout à fait ordinaire, souvent camouflée de bonnes intentions, si bien qu'elle échappe complètement à notre vigilance. Ce qui ne veut pas dire que nous n'y sommes pas sensibles. Je vous donne un exemple parce que je vous sens perplexes. J'espère que vous avez le cœur bien accroché !

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Tom : − Ah ! On va être bien ici ! Viens t'asseoir près de moi. Mais qu'est-ce que tu as à regarder ton portable toutes les cinq secondes ?

Caro : − Je suis inquiète. Luc avait dit qu'il nous enverrait des photos de Gingko.

Tom : − Tu t'inquiètes déjà pour ton chien !? Ça fait à peine trois heures qu'on l'a quitté.

Caro : − Mais Luc avait dit qu'il enverrait des photos tout de suite.

Tom : − Arrête de penser à ça ! Tu vas te gâcher le week-end et à moi aussi par la même occasion. Dis-toi que Gingko est en lieu sûr et que tout va bien aller. D'accord ?

Caro : − Ben… euh…

Tom : − D'accord ?

Caro : − D'accord.

Tom : − J'aime mieux ça. Allez ! fais-moi un sourire !

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À la fin de ce dialogue, Caro est non seulement toujours inquiète mais en bonus, elle s'en veut de l'être. Elle va faire de son mieux pour cacher son trouble à Tom. Elle aurait aimé de la compréhension, elle a reçu de la réprobation, et ce, à partir de la meilleure intention… Sans doute une de celles dont l'enfer est pavé !

Tom quant à lui, est satisfait d'avoir obtenu de Caro le comportement qui est plus confortable pour lui. Il croit qu'il vient de pulvériser un sentiment d'inquiétude chez Caro, il est fier de l'avoir aidée et d'avoir sauvé leur week-end. En réalité il vient d'alimenter une tension en elle, qui resurgira immanquablement à un autre moment dans leur relation. Et à ce moment-là, le nœud sera moins facile à défaire car il sera plus emmêlé et plus serré.

Qu'est-ce que la violence ?

Tom a donc fait le choix (plus ou moins conscient) de ne pas entendre l'inquiétude de Caro. Tom a besoin de repos, de proximité, d'attention, de tendresse, de tranquillité. Il voit que Caro, elle, ici et maintenant, a besoin d'être rassurée sur le bien être de son chien. Il voit que du coup, elle a moins d'attention pour lui, elle trouble sa précieuse bulle de tranquillité. Alors il veut tout simplement qu'elle cesse d'avoir ce besoin d'être rassurée. C'est là qu'il commet l'erreur la plus courante et la plus tragique que l'humanité produit et reproduit depuis la nuit des temps, l'erreur de croire qu'on peut faire disparaître un besoin comme par enchantement, l'erreur qui est à l'origine de toutes les violences. Il ne sait pas − car il ne l'a jamais appris − qu'il pourrait très bien accueillir l'inquiétude de Caro, il pourrait se relier à son besoin d'être rassurée − je ne dis pas qu'il pourrait la rassurer lui-même mais simplement entendre et accueillir son inquiétude − et ce faisant, il pourrait vivre précisément la proximité et la tendresse auxquelles il aspire. Ainsi, les besoins de chacun·e seraient comblés.

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C'est cela, la violence. Agir ou parler d'une manière qui ne prend pas en compte tous les besoins en présence. Cela arrive notamment dans les situations suivantes.

  • Lorsqu'on cherche à savoir qui a tort et qui a raison / qui agit bien, qui agit mal,

  • Lorsqu'on fait passer les règles, les lois, la morale avant l'humanité de chacun·e,

  • Lorsqu'on attend le verdict d'une justice autoritaire,

  • Lorsqu'on considère que certaines qualités, fonctions ou rôles nous confèrent une supériorité et qu'on exerce alors notre pouvoir sur autrui,

  • etc.

 

De cette « scène de violence ordinaire », comme je l'ai appelée découlent, en quelque sorte, toutes les autres violences et notamment les plus dramatiques. C'est une réaction en chaîne bien naturelle dans un modèle de société pyramidale. Et ce sont les mêmes mécanismes qui se rejouent à tous les étages.

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Et la CNV, du coup ?

La CNV (Communication NonViolente®) nous invite donc, d'une façon très concrète, à remettre notre attention sur ce qui se joue, ce qui se vit au cœur de notre humanité dans l'instant présent,

  • tout d'abord dans la façon dont nous nous mettons en relation avec nous-mêmes (trouvez-vous que vous vous traitez avec suffisamment de bienveillance ?)

  • et ensuite dans la relation à l'autre.

C'est un retour à un Soi pur et simple. C'est apprendre à s'affirmer, se positionner tout en restant ouvert·e et attentif à l'autre. C'est mettre du soin sur la relation avant la solution, partant du principe que si mon intérêt est servi mais la relation abîmée, alors personne n'est réellement gagnant·e, au bout du compte.

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Et comme vous l'avez sans doute pressenti, si l'on s'amuse à imaginer que cette façon de communiquer se propage dans toutes les strates de la collectivité, dans le système éducatif, judiciaire, dans les relations politiques… sentez-vous la brise fraîche et suave d'un changement social diablement désirable ?

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Étant donné que je ne fais pas encore partie de la communauté des formateur·ice·s CNV certifié·e·s, j’appose le symbole È» dans le nom des ateliers que j’anime.

Crédits photos du haut vers le bas :

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